samedi 13 août 2011

QU’EST DEVENU NOTRE PATRIMOINE HISTORIQUE ET CULTUREL ?


Un article du Parisien paru le 11 Juillet et consacré à l’évolution touristique de Paris m’amène à évoquer le sort que fait la Tunisie à son patrimoine historique et culturel.

Dans l’article du Parisien, on rapporte, par exemple, qu’il y a une vingtaine d’années la cour du Palais Royal et celle du Louvre servaient de parking. Depuis un effort considérable a été fait pour protéger, entretenir et améliorer ces lieux et cet effort a payé puisque, du coup, les visiteurs se sont multipliés de façon considérable.

En ce qui concerne la Tunisie, mon constat est, certes, que certains projets vont tout à fait dans le bons sens. Je pense ici à la rénovation du Musée du Bardo qui va, ainsi devenir, un grand musée. C’est justice puisqu’il contient la plus belle collection de mosaïques romaines. Je pense aussi à la rénovation de certains quartiers de l’ancienne Casbah. Mais à côté de ces beaux projets et de manière générale, la Tunisie n’entretient pas suffisamment son patrimoine et ne l’utilise pas comme il faudrait.

Pire, sous le régime de Ben Ali, ce patrimoine a été dépecé par Ben Ali lui-même et sa famille qui volé et détérioré plus d’une centaine de pièces rares dans les musées tunisiens, pour la « décoration » de leurs somptueux palais et villas sortis de terre en si peu de temps ….pour les adapter à une cheminée, à une cuisine ou à une vulgaire salle de bain !
Sans parler du trafic mafieux que pratiquaient les proches de Ben Ali et à leur tête les Trabelsi, pour qui notre patrimoine national est devenu un marché lucratif. Ils volaient des pièces d’art rares parfois uniques pour les revendre à l’étranger à des collectionneurs peu regardant.

Je donnerais en ce qui me concerne, trois exemples et je pense qu’il y en aurait beaucoup d’autres à travers tout le pays.

Le premier concerne Dar Sébastian à Hammamet. Il s’agit d’une maison construite dans un immense jardin par un aristocrate roumain au début du XX° siècle et qui constitue un exemple particulièrement beau des célèbres « maisons d’Hammamet » construites à la même période, en, grande partie par la Jet Set Européenne de l’époque et qui sont aujourd’hui des demeures privées. Dar Sebastian est d’une architecture moderne mais intégrant des éléments de l’architecture arabo-andalouse. Elle a été admirée par de nombreux grands architectes qu’elle inspirera, notamment ses arcs en fer à cheval surbaissés souvent copiés.
Elle est de plus construite au milieu d’un immense parc à la végétation luxuriante qui en fait un endroit incomparable où le conte Sébastien acclimatera de nombreuses espèces végétales venues d’ailleurs. De ce parc et de la terrasse on peut admirer tout le golf d’Hammamet.
C’est cette maison et d’autres assez semblables qui ont inspiré le très beau roman de Catherine Hermary-Vielle: « Le jardin des Henderson » et des personnalités ont résidés dans cette maison : André Gide, Paul Klee et Winston Churchill qui y aurait écrit une partie de ces mémoires.
Or que constate-t-on ? Un défaut d’entretien manifeste du jardin et de la maison dont une partie des meubles qui  avaient été dessinés et crées spécialement pour sa maison par le comte Sébastian lui-même, ont disparus alors qu’ils avaient été légués par l’aristocrate roumain à la Tunisie et le peu qui reste est dans un état de délabrement attristant.
Par ailleurs cette magnifique maison et son jardin ne sont pas utilisés comme il le faudrait.
Déjà sous Bourguiba une partie du parc a été défigurée pour y installer un théâtre de plein air, masse de béton, qui reçoit le Festival Culturel International d'Hammamet. S’il fut à la hauteur de ce que les organisateurs voulaient en faire, un festival pour toutes les cultures, il finira sous Ben Ali  dans la médiocrité ou l’international laissera place à de petites troupes du moyen orient parfois d’un niveau douteux.
Par ailleurs rien n’est fait pour attirer les visiteurs dont le petit nombre sort souvent assez déçu pour les raisons que j’ai évoquées plus haut. Il y a certes quelques expositions souvent assez pauvres et mal installées alors que le lieu pourrait se prêter à de belles expositions. Il y a aussi, quelques défilés de modes et quelques colloques et concerts mais il me semble possible de faire vivre beaucoup plus ce magnifique lieu.
L’installation d’un bar agréable et d’une certaine tenue, d’un restaurant de petite taille mais de qualité au bord de la magnifique piscine ancienne, une vie culturelle plus intense permettrait d’attirer beaucoup plus de visiteurs.
Pratiquement aucune information sérieuse n’est donnée aux touristes sur cette maison et il y a donc très peu de visiteurs de cette « belle endormie ». Cela n’est pas normal.

Le deuxième exemple est moins criant mais il y a là aussi, des progrès à faire pour l’entretien et l’animation des lieux. Il s’agit du magnifique Palais du Baron d'Erlanger à Sidi-Bou Saïd. Je ne donnerai ici qu’un exemple. Quelques tableaux du baron Erlanger qui était un musicologue érudit qui a fait beaucoup pour la musique arabe mais aussi un peintre, sont présentés, mais il y a toute une pièce (l’atelier du peintre) ou s’entassent d’autres œuvres qui ne sont absolument pas mises en valeur.
Dans ce lieu qui dispose d’une immense terrasse sur la mer, un simple bar avec buvette permettrait aux visiteurs de profiter d’un paysage somptueux en buvant un verre. Rappelons au passage que avant son départ, la famille Ben Ali n’a pas hésité à s’approprier contre toutes les règles une partie du parc de ce Palais pour édifier une maison à Sid Bous Saïd, défigurant ainsi un parc magnifique qui a été amputé de son jardin du paradisiaque constitués d’un long bassin entouré de haut cyprès.

Enfin mon dernier exemple concerne les ruines romaines de Dougga, magnifiques ruines mais qui ne sont absolument pas mises en valeur et où rien n’est fait pour les faire mieux connaître.

Ces exemples montrent qu’avec relativement peu de moyens, il serait possible de dynamiser ces lieux de mémoire et de culture et que cela pourrait même entrainer un développement économique comme l’exemple de Paris que, je citai en commençant le montre.

Là encore la démocratie qui, espérons-le va s’installer, va permettre de libérer les énergies privées, va favoriser l’intervention de la société civile par l’intermédiaire d’associations.
Les jeunes tunisiens doivent aussi s’investir pour la protection, l’animation et le développement des ces lieux de mémoire et de culture.


Rachid Barnat







1 commentaire:

  1. Salut
    Le problème n'est pas dans l'immeuble et les étages. Il est dans :
    l'achitecture de ces immeubles mal aérés etc qui les rend style ville-rempart génératrice de pestes !
    2/ le non-respect des proportions entre batiments et espaces verts
    3/ ces immeubles sont construits à la place de maisons abandonnées parfois , ce qui embouteille la ville par les voitures des résidents et bloque l'horizon tellement ils sont serrés !

    La démoralisation , le jeu partisan ( eh oui , un volontaire environnemental est plut^t perçu comme rival politique , on préfère en former !!) , l'ignorance ...évincent ces questions .

    D'autres approches sur
    http://journal-ho-net.fr.gd/Immeubles%2C-beton-%2C-et-cite.htm
    http://journal-ho-net.fr.gd/QUESTIONS-URGENTES.htm
    http://journal-ho-net.fr.gd/Environnement-et-civilisation.htm

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